La Liberté consiste-t-elle à faire ce que l'on veut ?
A première vue, il semble évident que la Liberté représente le pouvoir de faire ce que l'on veut, dans le dictionnaire, la Liberté signifie l'absence de toutes contraintes.
On parle d'ailleurs d'un corps qui tombe en chute libre, il ne rencontre aucun obstacle, sa chute est libre dans son attraction vers la Terre. Le coprs obéit ttalement à la loi de la gravitation universelle. Nous nous sentons libre, lorsque personne ne met de barrières à nos désirs, on se sent opprimés, aliénés lorsqu'on nous empeche de faire quelque chose.
Cette définition n'est-elle pas pauvre ? Cela suffit-il à définir la Liberté ?
En effet, définir la Liberté comme absence de contraintes, c'est la définir de façon négative. Nous allons chercher une définition plus adéquate. Et nous verrons que peut être l'individu le plus libre n'est pas celui qui fait ce qu'il veut, mais plutôt celui qui se contraint à ce qu'il ne veut pas faire.
I°) La Liberté comme absence de contraintes
A/ L'Abbaye de Thélème
L'abbaye de Thélème est une abbaye utopique décrite par Rabelais à la fin de Gargantua, il expose son idée d'une abbaye humaniste où aucune règles régient les individus, c'est une absence totale de contraintes. Seul leur volonté et libre arbitre organisaient leur vies.
Thélème = Bon vouloir (sf° Grec). L'originalité de la thèse de Rabelais, c'est de dire que la contrainte pousse au mal. L'abbaye de thélème est une vraie utopie, il suffirait d'enlever toutes les lois pour que le mal disparaisse. Toute transgression est enfaite une tentative de libération. Les règles nous abaissent.
B/ Le Carnaval
Le carnaval est traduit comme un lieu de renversement, aucune distinctions est présente, les fêtes officielles sont généralement organisée hiérarchiquement en partant des pauvres et suivis par les riches. Pourtant le carnaval peut vouloir dire désordre, il n'existe plus de hiérarchie, on peut faire ce que l'on veut, tout est permis.
Le Carnaval est une utopie, mais une utopie concrètement réalisée, il est représenté comme le chaos, la démesure. Nous allons voir un nouveau concept, qui est la licence; le carnaval est le lieu de la licence, c'est l'état dans lequel tout est permis, rien n'est interdit (sauf le meurtre, le viol, l'inceste). La licence est contraire à la liberté, car la licence est l'état de permission totale. Faire tout ce que l'on veut sans restriction s'appelle la licence, la Liberté est donc autre chose.
II°) La Liberté comme pouvoir de dire non
A/ Déterminisme et Libre-arbitre
Le libre-arbitre est la faculté de choisir. Avoir le choix entre deux possibilités et donc ne pas être déterminé par l'une ou l'autre possibilités.
Le Déterminisme est l'état dans lequel tout est prévu, tout est nécessaire selon une loi intelligible. Dans la nature règne un déterminisme naturel, par exemple un être vivant naît, vit et meurt, il est soumis dans la mesure où il est un corps. Mais en tant qu'être de raison, il semble que peut être l'être humain peut échapper à ce déterminisme.
Le Destin est un déterminisme total. Il concerne non seulement les lois de la nature mais aussi les lois humaines. Même les actions humaines sont soumises à des lois.
Nécessité = ce qui ne peut pas ne pas être
contingent = ce qui peut ne pas être
possible = qui peut être
impossible = qui ne peut pas être
Kant dit dans la critique de la raison pure dans le chapitre les antinomies de la raison pure
Thèse :
L'Homme est libre donc rien n'est déterminé, il est à l'origine de ses actes et capable de les choisir
Antithèse :
Le déterminisme reigne et s'applique aux actions humaines, il n'est donc pas libre.
Kant dit qu'on va passé de la thèse à l'antithèse, et donc on ne peut pas dire laquelle des deux est vraie, donc pas de synthèse. Pour kant la liberté est un postulat de la raison pratique. Un postulat, c'est lorsque l'on admet sans l'avoir démontrer, la liberté est un postulat de la raison pratique.
Sans la Liberté, il n'y a pas de morale possible, la raison pratique signifie la raison morale, la raison pratique a besoin de la liberté. Kant dit :"la liberté est la clé de voûte de toutes les raisons pratique". En effet, il n'y a pas de bonnes ou mauvaises actions, il n'y a pas de culpabilité ou de responsabilité que lorsque il y a la liberté.
B/ La Liberté d'indifférence
C'est l'état dans lequel on se trouve lorsque rien ne pousse une chose plutôt qu'une autre, c'est l'absence totale de déterminisme, c'est a vous de choisi, rien peut influencer à choisir. C'est le libre-arbitre.
Cette liberté existe-t-elle vraiment ?
Leibniz, philosophe allemand du XVIIe siècle, il est plutôt cartésien. Pourtant il critique Descartes mais en tire quelques idées, selon lui la liberté d'indifférence n'existe pas, il y a toujours quelque chose qui nous pousse à prendre une décision. Nous sommes jamais dans un état de parfaite indifférence, car si il existait vraiment nous pourrions rien faire du tout. Nous serions pétrifiés sur place comme l'âne de Bukidan. C'est un âne qui a autant soif que faim, il ne sait pas par quoi commencer, il se laisse donc mourir.
Pour lui on a toujours une chose qui nous fait choisir un coté plus que l'autre. Il appelle cela les petites perceptions infinitésimales elles nous influencent sans même que nous soyons conscient, c'est l'un des premiers auteurs à avoir l'intuition qui nous possédions un Inconscient.
Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain.
Dans ce texte, la question est : Est-ce que nous sommes vraiment libre si il y a quelque chose qui nous pousse à choisir ? Ce texte préfigure l'idée d'inconscient. Leibniz dit que nous sommes influencés dans nos actes par des petites perceptions infinitésimales dont nous n'en avons pas conscience.
Pour Leibniz, Dieu n'est pas responsable du mal, le mal vient de l'Homme, mais la vraie question est pourquoi Dieu à créer l'Homme, si il est mauvais ? Mais enfaite c'est justement parce que l'Homme est libre, donc la liberté est source de mal. Dieu a même créé l'Homme libre de croire en lui ou pas. Le monde est le meilleur possible car Dieu l'a laissé libre.
Chez Leibniz, on a toujours été influencé inconsciemment par des petites choses. Apparemment cela remet en cause le fait qu'on soit libre pourtant Leibniz pense que l'Homme est libre, c'est une liberté guidée.
C/ Volonté et entendement, la Liberté chez Descartes
1) la Liberté d'indifférence est le plus bas degré de la Liberté
cela sous-entend qu'il y aurait des degrés de la liberté, ce que dit Descartes, c'est notre volonté qui est libre. L'entendement nous sert à comprendre, à savoir et la volonté nous sert à agir.
La volonté suit ce que lui représente l'entendement, c'est à dire la volonté est éclairé par l'intelligence, c'est une plus grande liberté que quand elle est dans un état d'indifférence. Quand l'entendement (la raison) ne parvient pas à guider la volonté, il faut qu'elle se détermine toute seule, on est encore plus libre lorsqu'on fait ce que notre raison nous recommande. Pour Descartes contrairement à Leibniz la liberté d'indifférence existe mais c'est au plus bas degré.
"Il faut écouter sa raison plutôt que ses désirs"
Descartes, Méditations, III
Selon Descartes l'homme est un être fini, tout est fini en lui sauf sa volonté, mais il y a quelque chose d'infini en nous, c'est notre Liberté.
La Liberté de l'Homme est infini, aucune chose ne nous influence. Obéir à son propre entendement (raison) n'atteint pas à la Liberté, ce n'est pas une marque à la Liberté. Au contraire c'est une grande liberté. Etre influencer on a peu de liberté alors que lorsque l'on obéit à sa raison on a une grande liberté. L'indifférence est une marque de notre finitude, celui qui sait toujours ce qu'il doit faire est encore plus libre, dans la vie il faut être décidé, lorsque on hésite c'est la marque de notre finitude.
2) Le pouvoir de dire non est la marque même de la Liberté
Descartes, Lettre à Mesland
Certes, nous sommes libre lorsque nous faisons ce que l'entendement nous propose, nous sommes encore plus libre lorsque que l'on dit non. Mais si seulement on peut aussi dire oui. La Liberté s'est le pouvoir de faire le pire alors qu'on voit clairement où est la bonne action. On est bien plus libre lorsqu'on fait le bien selon Descartes, mais la liberté n'est possible que si l'on à la possibilité de faire le pire, le oui n'a de valeur lorsque le non est possible. Dire oui au bien, c'est dire non au mal. Donc dire oui à quelque chose, c'est forcement dire non à autre chose. Nous sommes plus libres lorsque nous disons oui mais ce qui est valable que si le non est possible. A quoi sert de nier que deux et deux font quatre ? Nier une évidence, c'est s'affirmer soit même, c'est que font tous les enfants. C'est la révolte qui est la marque de la liberté. En disant non on s'affirme !
III°) L'Autonomie
A/ La Liberté et le Désir : Liberté comme indépendance de la volonté vis a vis du corps
La liberté, c'est bien la maitrise de soi, celui qui ne sait pas dire non à ses désirs est esclave. ne pas pouvoir dire non a son corps et a ses désirs c'est une marque de la misère, celui qui ne maitrise pas ses désirs est un esclave comme la paresse, par exemple : si on arrive pas a dire non a notre paresse, on est esclave de nous même. La liberté s'est savoir se maitriser, c'est une forme de sagesse.
B/ Le Bonheur comme sagesse raisonable
l'autonomie est contraire à l'indépendance. Dans l'autonomie, il y a plus que la simple indépendance. L'autonomie est une faculté de se prescrire à soi même sa propre loi, c'est à dire savoir se forcer à faire quelque chose, c'est donc une obligation et non une contrainte. Le contraire d'autonomie est l'hétéronomie, autrement dit s'est le fait d'être soumis à une loi extérieure, par exemple, l'esclave est dans un état d'hétéronomie. Le contraire de libre est aliéné
Nous allons analyser la différence entre l'obligation et la contrainte :
la contrainte est externe, elle nous est imposée de l'extérieur par quelque chose ou quelqu'un d'autre.
L'obligation est une contrainte interne que l'on se donne à soi-même.
Rousseau, "l'obéissance à la loi que l'on s'est prescrite est la liberté".
Conclusion
La vraie liberté ce n'est de faire ce que l'on veut mais savoir s'obliger librement à faire ce que nous ne voulons pas, autrement dit pour être libre il faut entrer dans une parfaite autonomie.