Y a t-il une morale universelle ? Qu'est ce qu'une morale ?
Un ensemble de valeurs de principe, pour simplifier c'est en gros le bien, le mal. Se demander si la morale est universelle c'est se demander si le mal et le bien sont universels. Nous sommes tentés de dire spontanément aux noms des principes de tolérance que les valeurs sont relatives, c'est à dire que chaque peuples possèdent leurs propres valeurs. Mais cela oppose de nombreux problèmes, car la morale soit elle est universelle soit elle ne l'est pas.
Pascal, Les pensées,
"Ce qui est juste d'un coté des Pyrénées devient en deçà des Pyrénées."
Le relativisme moral aboutit à l'absence de morale, autrement dit que si le bien et le man sont des valeurs relatives, c'est à dire qu'ils dépendent des individus, il n'y a plus de morale, il faut savoir que la morale n'est pas une restriction de la Liberté. La question de l'universalité de la morale pose aussi celle de l'ineïté des principes pratique autrement dit les valeurs morales.
I°) L'universalité de la morale
Les valeurs morales sont-elles innées ou acquises ? En effet si il y a une seule morale, alors il y a un bien et un mal. On peut en déduire alors que ces valeurs sont innées (qui sont propre à la nature de l'Homme). Par contre sil il y a autant de morales que de civilisations, de peuples ou de groupes d'individus, cela implique que les valeurs morales sont acquises. Elles dépendent de notre éducation, notre culture.
A/ L'opposition entre Platon et les sophistes
Pour Platon, il y a un bien universel, et il n'y a pas de mal (ce mal viendra avec les trois religions monothéistes).
Selon Platon, le bien signifie le vrai, le beau.
Platon, Protagoras
"nul n'est méchant volontairement."
On fait le mal par défaut de connaissance autrement dit on est ignorant, on croit savoir quelque chose alors que l'on ne sait rien. Mais le mal concrètement n'existe pas, comme on l'a vu on fait le mal par ignorance du bien, la pratique découle directement de la théorie.
Le plus célèbre des auteurs sophistes, Protagoras, il a eu le mérite d'avoir une thèse assez bien formulé
"l'Homme est la mesure de toutes choses."
Cela signifie que tout es relatif, chaque individu est l'auteur de ses propres représentations du bien et du mal. Tout dépend des individus selon lui, il n'y a rien d'universel, rien de commun. Cette pensée on l'appelle le relativisme morale, qui aboutit à la mort de la morale.
Platon ne peut supporter cette philosophie des sophistes. Chez Platon, l'exigence de l'universalité de la morale est la base de la philosophie et surtout de la philosophie morale. Contrairement aux sophistes, Platon cherche la vérité comme tout philosophes et les sophistes ne sont pas des philosophes. Le relativisme c'est tout ce que la philosophie ne supporte pas.
B/ Opposition entre les rationalistes et les empiristes
Descartes, rationaliste (fondé sur l'exercice de la raison), tout est calcul, la raison en latin se dit ratio qui signifie calcul. Le rationalisme est le courant dominant dont Descartes est la figure imminente, on a aussi Spinoza et Leibniz.
Pour Descartes, nous avons des idées innées qui sont comme des semences de vérité.
"Je vois le meilleur (car j'en ai la capacité) , mais je fais le pire ( justement parce que je suis libre)."
Je peux nié le vrai et faire le mal, car Dieu à donner à l'Homme la capacité de voir le vrai mais de faire le pire car il a fait l'Homme libre.
Il y a le même rapport entre Platon et les sophistes et les rationalistes et les empiristes. C'est une analogie, pour Descartes il y a un vrai, un bien et un mal et on retrouve la même idée que Platon que le mal est fait par ignorance, on trouve aussi l'idée de Leibniz, que la morale vient de la raison et des affaires de calculs. C'est avec l'intelligence que l'on sait où est le bien et le mal.
L'empirisme est un mouvement philosophique qui a eu lieu au XVIIe et XVIIIe siècle principalement en Angleterre et en Ecosse. Les principaux auteurs sont Locke, Hume et Hobbes.
La thèse générale des empiristes est de dire que toutes nos connaissances sont dérivées de l'expérience, c'est à dire que tout est acquis, il n'y a rien d'innée. Pour les empiristes notre cerveau est comme une tablette vide Tabula Rosa en latin, l'expérience va venir remplir petit à petit, donc tout est acquis. C'est l'antithèse des empiristes qui s'oppose à celle de Descartes, qui dit que nous avons des idées innées.
Il en va même pour les valeurs morales, elles dérivent par l'expérience, elles sont donc relatives selon notre religion, notre culture, notre éducation, notre époque, etc...
Ce relativisme moral est en parti dut à la découverte du nouveau monde pendant la renaissance, avec la découverte des pratiques des Indiens qui a fortement remis en question la suprématie universelle des valeurs occidentales.
Le cannibalisme était l'une des pratiques des Indiens condamnés par les Européens.
Montaigne, exprime dans Les Essais
"Chacun appelle barbarie ce qui est barbare"
c'est à dire que nous jugeons barbare ce qui est différent de nous. Pour Montaigne, le cannibalisme n'est pas en soi barbare, mais l'est pour nous car nous ne le faisons pas.
Bilan:
Il est tentant d'être tolérant, d'être compréhensif avec tout les mœurs, c'est une preuve d'humanisme, mais le problème c'est qu'en même temps on renonce à l'idée d'une morale universelle, or la morale est universelle ou bien elle ne l'est pas. Il faut d'une part la morale qu'elle soit universelle et d'autre part les mœurs seraient relatives, et il ne faut surtout pas assimilé la morale aux mœurs.
II°) La conscience Morale
Il existe réellement une morale et une seule qui est fondée sur quelque chose d'innée qui est la conscience morale. Certes les mœurs sont relatives, cependant la morale est universelle.
L'originalité de Rousseau, c'est de dire que le fondement de la morale ne se trouve pas dans l'entendement (Raison) mais dans le cœur. Autrement dit ce n'est pas en faisant des raisonnement et calculs mais c'est avec le cœur. Ce qui fait de cette morale c'est qu'au fond de nous, nous avons tous cette morale qui est donc innée, donc nous avons tous la même conscience du bien et du mal.
Rousseau, Emile ou de l'éducation, IV
dans la profession de foi du Vicaire qui se trouve dans l'Emile ou de l'éducation
il est exposé la morale de Rousseau, qui n'est ni celle des rationalistes, ni celle des empiristes et non plus celle de Kant.
Selon Rousseau, écouter son cœur, c'est écouter la voix de Dieu et donc comme pour Rousseau, nous sommes tous crées par Dieu, alors nous avons tous une morale universelle comme nous somme tous crées par le même Dieu. Il est naturel que nous ayons une même morale qui est universelle et ceux qui n'y crois pas, c'est qu'il n'écoute pas leur cœur.
III°) Le Devoir, la morale de Kant
A/ L'idée de raison pratique
Selon Kant, la raison pratique est régit par la loi morale qui est la suivante : Ne jamais commettre une action qu'on ne voudrait pas que l'on lui fasse.
Cette loi morale est immanente et non transcendante, c'est à dire qu'elle est en nous, la morale est distincte de la religion. A la différence de Rousseau, c'est que ce n'est pas uen voie céleste, et la loi morale permet de faire fonctionner notre raison. Faire son devoir c'est obéir à la loi.
On a vu que la morale et la religion étaient distinctes, on a donc une seule morale qui s'accorde avec une infinité de religions.
B/ La bonne volonté
Pour Kant, ce qui compte c'est l'intention et non le résultat. Le principal s'est d'agir avec bonne volonté, autrement dit donner son maximum pour atteindre son but et surtout jamais faire de mal. La bonne volonté est le contraire de la velléité qui signifie avoir de grands désirs mais jamais se donner les moyens pour les réalisés.
Kant, les fondements de la métaphysiques des mœurs
"la bonne volonté est condition nécessaire et suffisante de la moralité."
Kant s'oppose clairement au pragmatisme et à l'utilitarisme anglo-saxon (Adam Smith). Le pragmatisme se construit avant tout sur le résultat, autrement dit le principal est de favoriser le résultat et rien d'autre, l'utilitarisme représente la même chose.
On a reproché à Kant sa théorie sur la bonne volonté, car elle était purement formelle, détaché du matériel.
C/ Par devoir, conformément au devoir
Une action peut être conforme au devoir sans être accompli par devoir, c'est à dire par intention. Par exemple un commerçant qui rend la monnaie à un enfant, si il lui rend la monnaie juste, ce n'est pas pour autant qu'il est moral. Il faut qu'il soit fait par devoir, autrement dit fait par une action complètement désintéressé. Une action ne peut pas être à la fois intéressé et morale, cela n'est pas compatible.
D/ Impératif Catégorique, Impératif Hypothétique
L'impératif hypothétique, c'est exactement si je fais cela, alors j'aurais ça, si il y a un calcul de fait, alors l'action n'est pas morale. Cela n'est fait que par intérêt. Par exemple, faire du bien à quelqu'un, seulement si vous vous dites que cette personne sera là quand vous en aurez besoin. Cela représente l'impératif hypothétique, seulement par intérêt, donc qui n'est pas morale.
Par contre l'impératif catégorique :
"agit uniquement d'après ce qu'on se dit en soi-même avant d'agir."
sa définition est la suivante; la maxime (la règle) qui fait que tu peux vouloir qu'elle devienne une loi universelle. Ne jamais faire exception à une règle que par ailleurs on reconnaît qu'elle est bonne.
Par exemple, on ne peut pas vouloir un monde où la fraude soit une règle, lorsqu'on se donne le droit de faire du mal, on est pas morale car on en fait une règle bonne de faire du mal. Je ne veux pas qu'on vole, car je ne veux pas qu'on me vole, donc je ne vole jamais.
L'impératif catégorique, c'est avant d'agir toujours se demander si on pourrait vouloir que cette action soit accomplie toujours par tout le monde. Si on ne peut pas le vouloir, on s'abstient.
"ne jamais se donner le droit de faire exception de faire le pire quand on sait ce qui est meilleur."
Rousseau
Kant en déduit trois autres formulations d'impératif catégorique. La première formulation où l'idée de la nécessité et de la loi nécessaire sont présente est la suivante :
"agit comme si la maxime de ton action devrait être ériger par ta volonté en loi universelle de la nature."
la deuxième formulation concerne autrui, c'est ce que l'on doit se dire avant d'agir à autrui :
"agit de telle sorte que tu traite l'humanité, aussi bien que dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen."
c'est à dire ne jamais se servir d'autrui comme moyen, ne pas se servir des gens pour son intérêt ou même son plaisir à soi. Il faut considérer que l'être humain est une fin en soi. Nous traitons tout ce qui n'est pas humain comme un moyen, il s'agit d'autrui mais aussi de nous même, voilà pourquoi Kant condamne le suicide. Nous avons des devoirs envers nous même, donc ce que l'on ne fait pas à autrui, on ne le se fait pas à soi-même. Prenons l'exemple du suicide, nous ne devons pas nous suicider, car c'est la fin de souffrir, et il faut avoir le courage de continuer. On ne doit pas non plus se suicider petit à petit (boire de l'alcool), c'est un manque de respect envers soi-même.
La troisième et dernière formulation représente l'autonomie :
"agit de t-elle sorte que ta volonté puisse se considérer elle même en même temps légiférant universellement grâce à sa maxime."
ce qui signifie agit toujours comme si tu étais l'auteur de ta propre loi morale. Dans l'autonomie, on a la racine auteur, nous sommes tous les auteurs de notre propre morale, aucune hétéronomie. Ce n'est qu'à première vue que le devoir évoque une contrainte, mais une obligation personne peut forcer quelqu'un à faire son devoir. Si on force quelqu'un, on aura fait une action conforme au devoir. Je m'oblige moi-même mes propres valeurs et je n'en fait aucune exception de façon absolue et j'en suis l'auteur. Chacun est auteur de sa propre morale, et pourtant nous arrivons tous au même résultat, car nous sommes tous doué de raison pratique.
La morale de Kant nous offre une réponse à notre problématique posée en introduction, nous sommes tous les créateurs de notre propre morale et pourtant la morale est universelle, c'est à dire que l'on arrive tous au même résultat.
E/ Morale et Religion
Pour Kant la morale n'a pas besoin de la religion, ce n'est pas la religion qui fonde la morale c'est totalement le contraire, on a une morale et une infinité de religions. La morale est la base commune où toutes les religions vont venir se greffer. Il peut y avoir des morales laïques, par exemple une morale républicaine.